Les mots de Pascal Boniface, Jean Baubérot, et Raphael Loigier, sont aussi les nôtres : « Nous ne sommes en rien des « compagnons de route » de l’UOIF. Nous refusons simplement de diaboliser cette organisation. Nous avons été invités à y prendre [part], sachant que nous ne partageons pas sa foi. C’est un geste d’ouverture. »
Pour cette 29 ème édition, les organisateurs ont désiré que l’AFPS soit partie prenante, en disposant d’un stand dans le Pavillon Jeunesse. C’est pour nous la marque d’une reconnaissance de notre travail, jugé sérieux et fiable. Dans de nombreuses villes, telle que Nancy, l’AFPS travaille déjà main dans la main avec des organisations membres de l’UOIF, comme les Étudiants Musulmans de France.
Que devions-nous faire ?
Ne pas y aller ? Dans ce cas on se coupe d’une partie de notre mission qui a pour but d’informer sur le conflit israélo-palestinien, et d’élargir notre champ de diffusion. Ne pas y aller parce que nous sommes une association laïque « sans affinité religieuse » ? Ce n’est pas un argument. La laïcité ne signifie pas la négation des religions, mais la possibilité pour tout un chacun d’exercer son culte dans le respect du cadre républicain. L’UOIF ne nous a pas demandé d’expliquer en quoi le conflit israélo-palestinien serait un conflit religieux. Au contraire !
L’UOIF est consciente de l’importance de la cause palestinienne au sein de la « communauté » musulmane. L’objectif de notre présence était donc de pouvoir s’appuyer sur des individus qui connaissent le sujet, et qui sont capables de démonter une à une les idées faisant de la Palestine un enjeux strictement religieux. Et c’est ce que nous avons fait !
Du vendredi au lundi, notre stand a bénéficié d’un succès incomparable. Nous avons fait des centaines de rencontres, nous avons présenté notre association à une « population » qui nous connaît peu, qui nous connaît mal.
Imaginez donc, un stand de l’AFPS, tenu en grande partie par des individus de moins de 30 ans, qui ont tous déjà mis les pieds en Palestine, et qui accueillent les visiteurs en leur parlant de notre campagne sur Orange, du travail que l’on réalise, de nos 95 groupes locaux ! Et avec une exigence, un principe que nul n’est prêt à bafouer : « notre lutte est politique, elle dépasse les aspects religieux. » Jamais nous n’avons lésiné sur les explications à donner à propos du conflit, déconstruction d’une vision religieuse, construction de l’importance de nous aider à bâtir un rapport de force car notre combat est à mener en France.
D’ailleurs, nous avions au stand, les samedi et dimanche, la chance de pouvoir compter parmi nos rang Fami, responsable de l’organisation « Défense de la terre », d’Hébron. Son discours était identique au nôtre.
Peut-être que nous nous sommes trompés. Un bilan ? Des dizaines de contacts pris. Des dizaines de débats engagés au stand avec des visiteurs. Notre association qui s’implante auprès d’une « population » que nous n’avons jamais réussi à toucher. Là, nous nous imposons comme un interlocuteur de premier ordre. Nous ne nous sommes donc absolument pas trompés.
Aurions-nous dû refuser ? Et après ? Nous aurions laissé place à la diffusion d’idées que nous combattons ? Qu’aurions-nous gagné de plus ? Et à présent, qu’avons-nous perdu ? Notre temps ? Certainement pas, interrogez donc les dizaines de militants qui sont venus de toute la France (Rennes, Montpellier, Nancy, Bordeaux...) afin d’aider à la tenue de ce stand. L’avis est unanime : nous devions y être, et nous y retournerons ! Il ne faut rien lâcher.
Nous devons occuper le terrain, propager une vision politique du conflit et œuvrer à la construction d’un rapport de force avec tous les amis du peuple palestinien qui s’accordent sur des valeurs.
Tant que l’on nous offre la possibilité de parler de la Palestine, de mettre en accusation l’État d’Israël, de refuser catégoriquement de nous placer sur un terrain religieux, et de combattre avec toute notre force la propagation d’idées racistes : nous serons là !
Si demain le CRIF nous appelle pour un débat, ou pour évoquer nos campagnes, soyez-en sûrs : nous y serons. Cependant, ils ne le feront pas, et les raisons sont évidentes.
Notre démarche n’avait donc qu’un seul but : élargir le Mouvement de Solidarité. Qui est contre ?